Qu’est ce que l’architecture ? En écho à cette interrogation, Le 116/lieu de création propose l’exposition « Erectio », mot latin signifiant l’action de lever, de dresser, d’ériger, du 1 au 18 mars 2011. L’exposition tente de dégager une sémantique architecturale au travers d’impressions d’architecture développées par Amaury Morisset, Aldéric Trével, et Laura Pérez Garcia.
On dit qu’Ulysse, assouvi de prodiges, pleura d’amour en voyant son Ithaque.*
Imprégnée par ses relations avec les hommes, l’architecture prend esthétiquement en charge cet affect qui se lit comme l’aboutissement et la projection d’une histoire.
Ce lieu de l’imaginaire se retrouve taillé dans les deux imposantes pierres dressées construites sur le principe des jeux de construction. Des modèles en carton, à découper et à assembler, qui présentent l’architecture comme l’émanation d’une ambition verticale. Ce jeu de préfabriqués accentue la nature stylisée de la forme, plus près de la pierre taillée que du menhir, une architecture en apparence primitive qui dénote une expérience re-créative.
C’est sur ce pivot rhétorique que se construisent deux autres pièces : le dôme géodésique et le projet de la pierre de Caen. D’un côté une structure architecturale complexe très prisée des bricoleurs, de l’autre côté une pierre acheminée vers sa condition de bloc de construction.
En tant que structure autoportante, la construction d’un dôme géodésique peut être vue comme la consécration de la satisfaction d’une habileté manuelle, une sorte de plaisir ostentatoire de la construction. Bien d’avantage, cette structure en demi-cercle allègue une sorte de figure dérivative entre la sphère personnelle et la sphère céleste, entre le macrocosme et le microcosme.
Une pierre, à nulle autre pareille, s’érige comme une allégorie à la mémoire du bâti. Ordinaire et anonyme, elle est à la fois potentialité et réservoir. Potentialité d’être la première pierre de l’ouvrage, réservoir des nombreuses étapes de transformation passées et à venir. Une sorte de ready made dénaturé dans cet entrelacs, dans ce passage d’un état à un autre.
En contraste à cette naturalité de la pierre, la cimaise marbrée nous offre la leçon d’un certain goût du précieux. Ouvrant par là même un dialogue entre l’ornementation et l’architecture, ce totémisme des procédés d’embellissement nécessite un entrainement visuel pour ne pas tomber dans un art phénomène, dans une saturation rétinienne.
Saturation de l’espace également avec l’architecture gonflable. Le propos ici est de poser l’architecture comme un espace qui contraint nos déplacements, qui les régule et les dirige, qui les mène vers un étouffement, vers un essoufflement.
Une pièce nous offre de nouveau cette respiration. Une photo sur laquelle on peut voir une vision du mythe de la découverte. Etre le premier à découvrir une architecture archaïque dans un lointain, une architecture cependant semblable aux nôtres, dans les premiers temps de l’histoire.
* Jorge Luis Borges, Œuvres poétiques 1925-1965.
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